En savoir plus sur Troyes

Histoire - Géographie - Religion

La ville de Troyes, capitale historique de la Champagne, doit son nom au peuple gaulois des Tricasses, de "tri" trois et de "casses" bataillons.

Au Ier siècle, sous l'occupation romaine, la cité celte des tricasses devient Augustobona. Son développement semble lié à l'existence d'un axe de communication connu sous le nom de "voie d'Agrippa". Cette voie reprend les traces de l'antique "decumanus maximus". Lors de la création d'une nouvelle cité les géomètres romains, suivant l'axe du soleil levant, traçaient une première grande rue orientée est-ouest, le decumanus maximus ; perpendiculairement, ils traçaient une seconde grande rue orientée nord-sud, le cardo maximus. Venait ensuite un réseau de rues parallèles et prependiculaires, les "cardines minores" et les "decumani". Au III siècle, lors des invasions barbares, après l' édit de Caracalla en 212 également appelé Constitutio Antoninana qui accorde la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l' Empire qui ne l'avaient pas encore, la ville est renommée Tricassium. Longtemps condamnés à la clandestinité, les chrétiens après l'édit de Tolérance de 313 peuvent pratiquer leur religion. Son évangélisation donne à la ville son premier évêché. C'est dans les environs de Troyes, en un lieu appelé les "champs catalauniques", que s'est déroulée, le 20 juin 451, la bataille qui représentera le plus grand massacre de l'époque : Attila, à la tête d'une troupe germano-hunnique de 50 000 hommes contre une armée composite de 60 000 romains et barbares fédérés menée par Patrice Aetius. Bataille au terme de laquelle Attila, surnommé le "Fléau de Dieu" par les chroniqueurs du Moyen-âge, fut vaincu.

Saint Loup sauve la ville de la colère d'Attila
Illustration extraite de l'encyclopédie V. DURUY Histoire de France

 

L'évêque Saint Loup, le plus célèbre des évêques de Troyes, il occupera le siège de l'évéché pendant 52 ans, sauve la ville de l'invasion en se livrant comme otage. Revenu à Troyes, il y meurt en 479 et est inhumé à Saint Martin ès Aires.

Clovis, roi des francs, s'empare de la plus grande partie du territoire de la Gaule et en particulier de Troyes en 484. A la mort de Clovis, en 511, le royaume franc est partagé entre ses trois fils. Troyes fait alors partie de l' Austrasie, sous le contrôle de Thierry Ier son fils aîné. A partir de 561 jusqu'en 741, Troyes rejoint une Burgondie centrée sur Chalon-sur-Saône.

En 573, un nouvel évêque est nommé en la personne de Gallomagne. En 581, il rapporte de Lyon les reliques de Saint Nizier. Après la courte existence d'un duché de champagne la ville de Troyes fait, sous le règne de Charlemagne, partie de la France.L'évêque Alcium entreprend des réformes sur la vie religieuse.Au VII siècle, les édifices religieux se multiplient dans la ville : les abbayes de Montier la Celle, Notre Dame au Nonnains, Saint Quentin, les églises de Saint Jean et de Saint Denis.

Au milieu du IX siècle, le royaume plusieurs fois divisé, Troyes se retrouve dans le domaine dirigé par charles le Chauve. En 878, son fils, Louis II "le Bègue" ou le "fainéant", est couronné à Troyes en l'église Saint Jean au Marché.

Dès le Xème siècle la ville continue son expansion, en dépit des invasions subies par les Sarrasins de l' Espagne en 720 et les Normands en 889 qui furent éloignés par l'évêque de Troyes Ansegise. C'était au Moyen-Âge un carrefour incontournable pour les commerçants qui venaient de tous les points du monde. Troyes qui appartient à présent au duché de Bourgogne va connaître un essor important grâce aux gouvernements avisés des puissants Comtes de Champagne : Robert le "très glorieux" en 956, Eudes "le grand", Thibault Ier qui dirigera la région pendant 52 ans. C'est la grande époque des foires de Champagne où l'on croise des marchands venus de toute l'Europe. Une première cathédrale s'élève, on construit également l'église de Saint Nizier, l'hôpital Saint Nicolas et, à l'extérieur, des remparts s'agrandissent avec la nouvelle porte de Croncels. L'ordre des Templiers est crée en 1118 par Hugues de payns. En 1190, la commune de Troyes est crée, elle est gérée par des "bourgeois" et un maire.

Des vastes travaux sont entrepris: la reconstruction de la cathédrale ravagée lors de l'incendie de 1188, les portes Saint Jacques et du Beffroy, les canaux, le palais des comtes et de nouvelles églises Saintes Madeleine, Saint Nicolas, Saint Pantaléon. En 1222, le comte Thibault IV fait achever la construction des remparts qui prennent leur forme définitive de bouchon de champagne.

En 1261, le fils d'un savetier de Troyes : Jacques Pantaléon, Docteur en théologie, Prêtre, Evêque de Verdun, nommé Patriarche de Jérusalem par Alexandre IV, devient pape sous le nom d'Urbain IV. Il fera construire une coolégiale dédiée à Saint Urbain sur l'emplacment de l'échoppe de son père à Troyes.

De nouvelles réformes sont adoptées et la ville est gérée par maire et des échevins. Chaque année le comte de Champagne choisi treize "jurés" qui élisent l'un d'entre eux pour maire. Le premier fut élu en 1231. Bernard de Montcuc, chambellan du comte Thibault "le chanonnier" sera maire en 1238.

C'est sous le règne de Philippe IV "le Bel" ou "le roi organisateur" élu en 1285, que la champagne va être réunie au royaume de France en 1361.

Au cours de la guerre de cent Ans, vient le règne déplorable de Charles VI dit "le fou" ou le "bien aimé" qui monte sur le trône en 1380. Sa femme Isabeau de Bavière et ses oncles exploitèrent cette folie pour ruiner la France. Le parlement de Paris fut transféré à Troyes en 1418. Le "honteux traité de Troyes" du 21 mai 1420 par lequel Charles VI reconnaissait Henri V d'Angleterre comme son héritier et régent du royaume de France au dépends du dauphin Charles VII est signé dans la cathédrale de Troyes. C'est le résultat de la défaite française d'Azincourt du 25 octobre 1415 et de la division du royaume entre les Bourguignons et les Armagnacs. Charles VII "le roi de Bourges" ne règne plus que sur la moitié sud de la France, son conseil et sa cour sont itinérants.

Charles VII dit le "victorieux" ou le "bien servi"se proclame roi de France le 31 octobre 1422 après la mort de son père. Les anglais rendirent finalement la ville de Troyes à Jeanne d'Arc le 10 juillet 1429, alors qu'elle escortait avec ses troupes Charles VII à Reims pour son couronnement qui eu lieu le 17 juillet 1429. Après la guerre de 100 ans, la ville finit le siècle très appauvrie mais Charles VII, pour remercier la ville de sa redditon sans combat, lui accorde de nouveaux privilèges. Les activités marchandes reprennent.

Au XIVème siècle, dès l'avènement de Louis XI en 1461, totalement intégrée au royaume, la ville a perdu les libertés et les privilèges octroyés sous l'égide des comtes. Jean de Marisy devient maire de la ville en 1483.

Au XVème siècle, sous le règne de François Ier, la ville tente de regagner sa prospérité. En 1505 apparaissent les premiers bonnetiers. Les foires se multiplient, à celle de janvier et d'août s'ajoutent en 1510 et 1521 celles de mai et d'octobre. En dépit de terribles tragédies, comme le grand incendie du 24 mai 1524, les famines et les frasques guerrières de François Ier contre l'empereur Charles-Quint qui la touchent de plein fouet, Troyes poursuit son essor. Puis vient l'époque de la Réforme, comme partout ailleurs les catholiques et les protestants s'affrontent. En 1558, sur ordre d'Henri II, le premier pasteur Girard de Cordelieu prend ses fonctions à Troyes. L'évêque de Troyes se fait même élire par les membres de l'église réformée. Mais le maire, avec l'appui de Marie de Médicis va mettre fin à cette situation unique en France. En août 1575 Troyes n'échappe pas au massacre de la Saint Barthélémy. Henri IV qui a succédé à Henri II, se converti au catholicisme en 1593, l' Edit de Nantes est signé en 1598.

Henri IV
Illustration extraite de l'encyclopédie V. DURUY Histoire de France

A l'aube et jusqu'au millieu du XVII siècle sous le règne de Louis XII, Troyes est à nouveau pauvre et endettée par les famines successives et les émeutes.

Le roi Louis XIII et sa cour séjournent à Troyes entre 1629 et 1630. Il faudra attendre l'arivée au pouvoir de Louis XIV en 1661 pour entrevoir un nouvel élan économique qui sera malheureusement très vite interrompu par les nouvelles guerres des Flandres, de Hollande et d'Espagne. En cette fin de siècle Troyes est complètement ruinée. Au début du XVIII siècle, malgré de mauvaises récoltes, la ville de nouveau relève le défit et grâce à l'activité du tectile et l'augmentation de sa population la prospérité renait. Hélàs, cet espoir est vite anéanti, des émeutes éclatent, des grèves, la guerre s'intensifie aux frontières de l'est. Le parlement de Paris s'exile une nouvelle fois à Troyes en 1787. La révolution est en marche. Les troyens élisent leurs députés aux Etats Généraux, la municipalité est remplacée par un comité révolutionnaire. Le maire de l'époque Claude Huez est massacré le 9 septembre 1789.

L'église subit les premières persécutions dès novembre 1789. On rebaptise la cathédrale qui devient le "Temple de la raison", les églises Saint Frobert, Saint Denis et Saint Jacques sont interdites de culte.

Le département de l'Aube fut constitué tel qu'il est encore aujourd'hui par le décret de l'Assemblée nationale du 15 Janvier 1790.

Le curé de Saint Aventin est décapité en 1792. Puis en 1796, les églises de Saint Denis, Saint Jacques, Saint Etienne et Saint Loup ainsi que le Palais des comtes sont détruits.

L'arrivée de Napoléon comme premier consul en 1799, puis comme empereur en 1804, marque l'histoire de la ville qui accueille plusieurs fois l'ancien pensionnaire de l'école militaire de Brienne. Les campagnes de l' Empereur appauvrissent les marchés et paralysent l'activité. Des combats glorieux pour nos armées, mais inutiles dans lesquelles s'illustrèrent de nombreuses localités auboises. Troyes doit encore faire face à la misère.

Vaincu, Napoléon Ier abdique le 11 avril 1814 à Fontainebleau. Louis XVIII, frère cadet de Louis XVI est déclaré roi de France le 12 avril 1814. Napoléon quitte l'ile d'Elbe où il avait été exilé, il débarque à Cannes le 1er mars, le 20 il arrive à Paris. Le 18 juin suivant il est vaincu à Waterloo et abdique de nouveau le 21 juin. Les armées de l'Autriche, de la Russie, de la Prusse et de l'Angleterre ocupent une partie du territoire de la France. L'Aube ne sera libérée que le 30 novembre 1818.

La seconde révolution de 1830, l'arrivée sur le trône de Louis Philippe, puis le retour de Louis Napoléon Bonaparte touche très peu les troyens, l'industrialisation se développe, c'est l'apparition des premières filatures, des premières usines, une ligne de chemin de fer. Le coup d'état du 2 décembre 1851 de Napoléon III et son accession au trône un an plus plus tard n'affecte pas la révolution de l'industrie textile, même si l'épopée napoléoninne se traduit une nouvelle fois par l'occupation de la ville en novembre 1870 par les armées prussiennes qui y levèrent d'énormes contributions et s'y signalèrent par des actes odieux. Elles n'évacuèrent la ville que le 19 août 1871. Au XIX siècle, la ville de Troyes s'est transformée, les rues ont été alignées, les quartiers assainis.

Au XX siècle, comme toutes les villes de l'est, Troyes fut bombardée, mais elle a pu miraculeusement conserver son centre historique intact, ce qui fait de cette cité remarquable, le plus bel ensemble citadin médiéval de France. En 1950 est né le premier magasin d'usine avec l'entreprise Petit Bateau. on peu compter à présent près de 150 enseignes. La bonneterie reste aujourd'hui l'industrie dominante de Troyes et du département.